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La grandissante diversité des apprenants dans nos centres amène l’ensemble des professionnels du milieu scolaire à se mobiliser pour favoriser la réussite du plus grand nombre d’élèves et remet en question les modèles d’intervention de services éducatifs préalablement établis. En ce sens, les ressources SEC et SARCA sont appelés à exercer un rôle-conseil auprès de l’équipe-centre et il est nécessaire de valoriser la réponse aux besoins généraux en classe ; là où les élèves apprennent et évoluent. Au cours des dernières années, les modèles pédagogiques connus à la FGA et les interventions à l’extérieur de la classe par l’orthopédagogue ont dû être revus par souci d’efficacité.
Au CEA de l’Estuaire, bien que nous soyons un petit centre de formation, nous avons fait le pari qu’il était possible d’optimiser nos ressources humaines. Nous constations que le modèle médical où les intervenants des SEC sortaient les élèves de la classe méritait d’être questionné au profit d’un modèle pédagogique plus souple, modulé et inclusif.
De ce fait, le coenseignement, s’appuyant sur la collaboration entre les différents acteurs de l’éducation, se présentait comme une avenue intéressante que nous souhaitions expérimenter dans notre milieu.
Qu’est-ce que le coenseignement?
Le coenseignement est défini comme un travail pédagogique commun, dans un même groupe et dans un même temps, de deux ou de plusieurs enseignants se partageant les responsabilités éducatives pour atteindre les objectifs spécifiques (Nancy Granger, 2022 dans Friend et Cook, 2007).
Certains éléments sont essentiels à la réussite d’un coenseignement (Gravel et Trépanier, 2010) : la souplesse des intervenants, leur compatibilité, leur habileté de communication, leur capacité à prendre des risques, la clarté de leurs rôles et responsabilités, et le fait qu’ils puissent avoir des moments communs de planification.
Il existerait 8 principales structures en coenseignement : Un enseigne et l’autre observe, un enseigne et l’autre soutien, l’enseignement en ateliers, l’enseignement alternatif, l’enseignement parallèle, l’enseignement partagé, le soutien partagé et le soutien alternatif. Le choix de la structure étant effectué selon le portrait de la classe, les besoins des élèves, les objectifs d’apprentissages et la situation d’enseignement-apprentissage. De ces structures, toutes ont leurs avantages et leurs défis. C’est à la fois en animant devant le groupe-classe, à la fois en coenseignant directement la même matière et à la fois en observant que l’on parvient à trouver un modèle qui répond aux besoins de tous parmi ces méthodes de différenciation pédagogique.
Au CEA de l’Estuaire, nous avons eu l’occasion d’expérimenter le coenseignement enseignant-orthopédagogue en mathématique. Puisque que nous constations que l’enseignement individualisé avait ses limites, nous avons pris la décision de mettre en place des cohortes dans lesquelles deux enseignants de mathématique et une orthopédagogue se partageraient l’accompagnement des élèves. Pour ce faire, des élèves furent ciblés dès leur inscription selon leur intérêt à recevoir un enseignement magistral et à se présenter au Centre selon un horaire précis. Une fois regroupés, ils purent bénéficier, trois fois par semaine et pour une période d’environ dix semaines, d’un enseignement explicite des concepts tout en étant soutenus dans leurs apprentissages. Ce travail de collaboration où l’enseignement, le soutien, et le dépistage des difficultés furent possibles dans un même espace s’est avéré pour nous, et pour les élèves, une expérience concluante. Les élèves cheminent, leur taux d’abandon est faible et les résultats obtenus parlent d’eux-mêmes. L’auto-efficacité s’accroît tant chez les élèves que chez les intervenants.
Bien entendu, dans tout changement de pratique, il y a un temps de questionnement et de résistance. Ce processus normal doit être considéré dans l’établissement de nouvelles structures pédagogiques.
Le rôle de l’orthopédagogue dans une pratique de coenseignement
En contexte d’éducation inclusive et de réussite pour tous, le coenseignement peut s’avérer une pratique efficace puisqu’il a été possible pour l’orthopédagogue de :
- prendre connaissance de ce qui se passe en classe afin d’assurer une continuité éducative ;
- rejoindre l’ensemble des élèves ;
- créer des liens avec les élèves ;
- créer des liens avec l’enseignant et développer une vision commune de l’intervention pédagogique ;
- dépister efficacement et prendre des décisions pédagogiques éclairées ;
- favoriser son développement professionnel en ayant, notamment un questionnement réciproque, une planification commune et une régulation de son agir professionnel.
Après une année d’expérimentation, l’équipe est satisfaite du modèle mis en place puisqu’il est, selon nous, un moyen de répondre à la diversité des besoins du plus grand nombre. Par ailleurs, la collaboration établie entre les enseignants, l’orthopédagogue et la conseillère pédagogique amène ce dispositif à évoluer puisqu’il fait l’objet de réflexions, de remise en question et de réajustement. Ce processus rassembleur crée un sentiment de confiance face à la réussite des élèves.