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Mon rôle m’amène depuis plus de 4 ans à visiter des centres de formation aux quatre coins de la province. Souvent à Montréal et à Québec, les petits centres et les régions éloignées bénéficient aussi d’un accompagnement, d’autant plus que les ressources SEC sont parfois très limitées. Petits, mais tissés serrés, ces milieux de formation sont de véritables milieux de vie faisant une différence dans le parcours des élèves, et ayant de l’impact dans toute la communauté. Le personnel éducatif est multidisciplinaire. Chacun des individus est connu, soutenu et considéré. Les ressources de la communauté sont indispensables pour ces milieux et on comprend rapidement qu’il faut tout un village pour mener l’élève à la diplomation (pour reprendre le proverbe africain : « il faut tout un village pour élever un enfant. »
D’ailleurs, j’aperçois Jean, le concierge du CEA et du CFP, avec un élève en train d’installer une affiche pour leur établissement qui suit le mouvement ACTE (Actions Collectives en Transition Environnementale et Sociale), anciennement connu sous le nom des Établissements Verts Brundtland. C’est l’élève qui tient le laser. Jean doit lui répéter les procédures, les attentes et doit modeler la tâche (sans la faire à sa place). Il prend le temps. Et l’élève, écoute. Exécute. Est fier de lui après avoir réussi.
Aux pauses et aux dîners, le salon du personnel est désert. Où est le personnel ? C’est au Café étudiant que se retrouvent les élèves et les intervenants scolaires pour jaser et partager un repas tous ensemble.
Local aménagé et éclairage tamisé, des discussions ouvertes sont en trame de fond. Entremêlés, élèves et intervenants dégustent un repas mis au centre de la table. On me propose un pain dessert keto, une recette pas plate avec plein d’ingrédients raffinés. Tous les jours, ce sont des adultes différents qui préparent le repas pour plusieurs personnes. On le dépose dans le centre d’une table. On mange dans de vraies assiettes. Personne n’est désigné pour les tâches : La vaisselle est ensuite lavée et rangée.
Puis, certains sortent leur tricot, d’autres dessinent. Un élève prend l’une des guitares accrochées au mur et joue quelques notes de musique. Les instruments ne sont pas sous clé: Ils sont accessibles à tous. « Ici, aux Îles, tout le monde joue de la guitare! », me lance Félix, élève en charpenterie. La mélodie est maintenant reconnue de tous et plusieurs se mettent à chanter. Même si je ne reconnais pas l’hymne, je m’y laisse infuser et je commence à battre la mesure.
L’heure passe rapidement, mais lentement à la fois. On a pris le temps de manger, de chanter, de rire. On est prêts à repartir. La création de tels lieux, tel ce petit café étudiant, participe au développement d’un environnement sain et bienveillant. Il contribue à la création d’un sentiment d’appartenance et de bien-être chez les élèves comme chez le personnel. Assurément, je repartirai vers le continent avec ces doux souvenirs en poche en prenant exemple, du côté humain et réconfortant du café étudiant des Îles.